13 mai 2008

Rupture.

Voici un mot qui fut beaucoup utilisé récement...... Mais en ce jeudi 8 Mai 2008, je vais laisser la politique là où elle est. Rupture, donc, avec le quotidien, avec son temps, les habitudes, les barrières, évasion ! Aprés tout, n'est-ce pas là ce que je recherche, de temps en temps ? Etre ailleurs, dans un autre monde, sans référence, sans repère, juste moi..... et moi. Et puisque je m'évade, autant que ce soit le plus tôt possible. Rupture franche, évasion immédiate.
Le voyage commence donc à 4H00 du matin, quand je franchis la porte de l'immeuble, avec le vélo, les skis, des tartines pour la journée, direction le pont de la Betta. La route est tranquille, peu de circulation, je glisse en silence, doucement mobile, en conversation avec moi-même, l'esprit vagabond. L'absence de bruit, le roulement sans heurt de la machine à propulsion humaine, mon ombre qui me dépasse à chaque reverbére.... et que je ratrappe au suivant créent un ambiance propice à la reverie. Il n'y a plus d'espace ni de temps, juste des instants sans dimension. Gières, Domène, Le Versoud, Villard-Bonnot, Brignoud, les panneaux sont autant de balises sur mon chemin vers ailleurs.
Brignoud.... changement de rythme, je m'élève, repère spatial. Doucement, calmement, l'ambiance s'éclairçi, le jour arrive, repère temporel. Le ciel passe du noir au bleu sombre, les oiseaux entament leur chant matinal, ponctué par les percussions discrètes des fontaines, à peine souligné par le tintement de cloche de quelque vache somnolente. Le Fuzier et son petit valon, juste avant Prabert, j'adore ce coin, la route monte entre deux flans bordée d'arbres et se termine par une épingle, écrin agréable et reposant.
Reste la route de Prabert, chargée de polémiques, je ne peux m'empêcher d'y songer.
Vite, passons !

La piste qui mène au pont descend, je me laisse emporter par la gravité. Arrivée au pont, fin de la première partie. Je pose le vélo (Tiens, où est-il au fait ?) Commence alors une marche à la recherche de la première neige qui me permettras de chausser les skis. Elle n'est pas bien loin, 50m aprés le petit pont de bois sur le ruisseau. Il n'y en a pas beaucoup, assez pour monter, mais la descente seras délicate. Sans importance. Montée dans les vernes, passage de la vire avant le lac, il fait jour, retour sur terre, contrastes de vert, de marron et blancs.
Je distingue les contours du lac, défonçés par les coulées de la veille, je devine le goufre qu'il y a dessous, pas trés engageant. Je contourne et continue, premier ressaut, deuxième ressaut, repérage de la descente, et, enfin, le voici, couloir nord du Pic de la Pierre, encore une "virgule". La neige est relativement gelée, la progression se feras à ski jusqu'au premier tiers, ensuite, crampons, dré dans le pentu, ça va plus vite ... En fait de virgule, c'est plutôt un point-virgule, de grosses pierres encombrent à mi-pente. La sortie est spectaculaire, la pente se redresse de plus en plus, 50° puis 55° selon la terminologie officielle ....
Que vais-je trouver derrière ? Je me sens comme un avion franchissant une ligne de crêtes. Rupture, l'envers ce révèle d'un coup, c'est à peu prés plat, suffit de se hisser et de s'y assoir avant de se mettre debout. Sommet !
Petite aparté avec moi-même, redescendre dans le couloir raide et dur, avec la caillasse au milieu ?

Ou, bien de l'autre coté, plus débonnaire ? (Tiens, en plus, la moquette est toute neuve .....)

Ce seras la moquette ..... envie de skier......

Et je skie, vite, la neige n'est pas encore pourrie, j'en profite, Col de la Mine de fer, les deux ressauts par le coté nord, le lac par le coté sud, jusqu'à la vire, ça se laisse glisser.
Rupture, sensations.
Me voici sur la vire, vite franchie, changement de style. Va falloir la jouer serré pour descendre là dedans, mais comme dirait Dr Seb : "Ca paaaaaaaasse !" et après quelques négociations avec les pierres et les arbres, ce fut une série de méandres plus ride que free, mais c'est passé. Les skis n'étaient pas trés contents, ils auront droit à une double ration d'Araldite au retour, ils adorent ! Nouvelle activité pédestre, me voici dans mon petit bout de prés à coté du pont de la Betta. La cascade s'est réveillée, impossible de faire une sieste, juste m'assoir pour passer la tenue de cyclo-touriste, un peu de repos, arrimage du barda et s'est partie pour une nouvelle descente. Rupture, ça ne glisse plus, ça roule.
Aprés une descente rapide, me voici de retour en se bas monde. Itinéraire inverse, rupture inverse, reprise de contact, connexion progressive à la réalité, juste assez pour croiser quelques sourires, voici la ville, déserte (presque), la maison, 14H30.





4 commentaires:

Julie a dit…

Joli texte! Et quelle motiv :D

Anonyme a dit…

Il est passé dans l'autre dimension... on l'a perdu...
;-p

Ceci dit, on s'y croirait! :D

cyril du monêt' a dit…

On savait que Jérôme était un véloskieur. Il était plus difficile de deviner que c'était également un poète...

Tom a dit…

Quand même, faut les cuissots là...