Ca les fait marrer, les gens, les gars qui pédalent avec des skis. Moi, c'est ma première fois, alors ça me fait bien un peu marrer aussi. Plus encore quand je croise des cyclistes qui font demi-tour pour venir me demander ce que je fais ! Ce que je fais là, je me le demande un peu plus dans la montée vers le col de la Madeleine (eh non, même pas LE fameux avec lequel j'aurais pu crâner)... Ces âneries, ça remonte à trois jours. Comme pour la grippe, le temps d'incubation...
Fin de saison et mon projet de clip sent le sapin : 'pas été fichu d'attraper une sortie vélomachin pour faire des images ! Il faut dire que, de vélo, je n'en ai point et que de la pratique, je n'en ai guère que 6 mois dans les rues grenobloises... Mais lorsque Christine envoie son post, sa Maurienne, son Avérole, ses kilomètres et ses dénivelées, sa tente et ses 4 jours de bivouac, je suis chaud bouillant. J'ai lu Daudet (Alphonse), je sais que d'autres avant moi ont été ridicules.
Je me pointe donc à la gare à la bourre, avec mon plus beau collant, les seules cuisses que j'ai trouvées en route (les miennes), un sac énorme et une petite sacoche en plastique écossais du plus bel effet.
Christine et Quentin, bien plus au fait des galères de l'embarquement, ont la gentillesse de me cueillir en panique sur le quais et de "ranger" fisa tout mon fatras dans un TER bondé. Présentations. Aveux : ce ne sont pas 900 m de D+ qui nous attendent mais 1200. Le compteur nous apprendra que ce n'était pas non plus 35 km mais 50.
"C'est bestial !" et c'est Quentin qui le dit. Si ça avait été Christine, on ne l'aurait pas entendu, elle est trop loin devant. Moi, je pousse et je souffle. Je fais aussi des images. De dos.
Pour l'instant, j'adore ! J'ai l'impression de piloter un vaisseau, au guidon de ce vélo monstrueux ! Je suis loin de la vitesse de la lumière mais je maîtrise déjà les figures : trop chargée à l'arrière, la bête se cabre aussitôt que je tire sur le guidon !
Un paquet d'heures plus tard et nous sommes au hameau d'Avérole, trop cramés pour pour aller déplier nos tentes près du refuge. On pioncera là, entre deux cabanes en pierre.
Ici, il faut avertir les lecteurs : ce comte-rendu est une supercherie ! On n'y parlera pas de ski ! Pas de photos non plus, vous êtes prévenus !
Plus haut, une cabane en pierre abritera nos montures et leur paquetage pour la journée. C'est que nous somme déjà repartis. Oh, modestement : 800 de dénivelée positive pour atteindre ce col dont le nom nous importe bien moins que ce plomb dans nos jambes. Temps couvert, neige lourde (et haute : ces cons-là ont attendus 2200 m pour en mettre !). Au refuge d'Avérole, c'est le tiers féminin de notre effectif qui se répand sur les banquettes confortables. Quentin et moi continuons. Une heure. Et finalement 600 m de dénivelée. 'Faut se réserver pour demain, attends !
Bivouac entre une marre et des névés, feu de bois. Et nuages tout autour : c'est la Lombarde qui veut ça ! Rien à voir avec une belle italienne, juste l'humidité du Pô qui bouche les sommets frontaliers. Au réveil, il fait gris et on portera les skis. 400 m de portage, dré dans l'pentu, direction l'Albaron. A 3400 m, Quentin se cogne la tête au plafond et on décide de laisser les 200 derniers mètres aux nuages. Descente sur une vitre. Puis brasse coulée dans la soupe. Enfin, le refuge, sa bière, ses crêpes. Le bivouac, son feu, sa semoule.
Brève mais belle éclaircie qui fait envie. Coups de vent dans la nuit, coup de pluie aussi. Réveil humide et gris. A 10h, chacun a plié ses gaules et nous repartons vers Modane. Dans ce sens, je crâne. J'ai quatre journées dans la tête, auxquelles je peine à mettre une étiquette.
Quel voyage ! En rentrant, c'est sûr, j'achète une bicyclette !
4 commentaires:
Excellent !!!!!!!
Bravo pour la sortie, le CR m'a bine fait rire, comme si on y était !!!!
Nickel Oliv', bravo à vous.
Et en plus, c'est très bien écrit !
Comme quoi, même avec peu d'entrainement, ça le fait !
Beau CR, belle plume! J'ai beaucoup aimé le skieur qui se cogne au plafond des nuages.
Oui, chouette récit, bravo pour la motivation! (du grand ski apparemment...?!)
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